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Pandémie Covid-19 et Adolescence

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sad teenage girl lying on bed

di FLORIANA PACELLI

En mars 2020 nous sommes rentrés dans la pandémie Covid-19: le virus a bouleversé nos repères, changé nos habitudes, provoqué une crise sanitaire et économique au niveau mondial. En tant que psychologue à l’APHP, j’ai vécu ces événements de plein fouet.

Je travaille dans une Unité d’hospitalisation psychiatrique pour adolescents (12-17 ans) à Colombes dans le 92 au sein de l’Hôpital Universitaire Louis Mourier. Cette Unité a ouvert ses portes en 2016 suite à une demande croissante à Paris et alentours de lieux de soin spécifiques pour les troubles psychologiques et psychiatriques à l’adolescence.

Dans cette courte intervention je me propose d’ouvrir très brièvement une réflexion autour de deux questions fondamentales:

1) Quel impact de la pandémie Covid-19 sur les adolescents?

2) Comment pouvons nous en tant qu’adultes (professionnels de santé mais aussi parents, familles et Institutions) accompagner les adolescents pour dépasser cette période? Comment les aider à construire et à se projeter dans le monde de demain?

Ce sont des questions très vastes, mon but aujourd’hui demeure humble. En me référant à la définition d’adolescence comme processus de séparation dans la transition vers l’âge adulte ainsi que comme « baromètre du social », je vous donnerai une lecture possible de ces enjeux cruciaux afin d’ouvrir avec vous le débat autour de préoccupations qui concernent notre société entière.

Adolescence est un terme qui dérive du latin. Adolescere signifie grandir. L’adolescence se définit tout d’abord comme une phase du développement humain physique et mental qui se produit pendant la période qui va de la puberté à l’âge adulte.

L’adolescence est d’abord un processus de séparation: face aux bouleversements de la puberté, le sujet doit à la fois se ré approprier de son nouveau corps et s’ouvrir au monde. Ainsi l’adolescent se distancie de son père et de sa mère, s’oppose et se sépare des images enfantines. Il se sépare psychiquement pour exister en tant que sujet, tout en restant dépendant de son entourage dont il incorpore les modèles et les valeurs. Dans ce processus, l’adolescent se tourne et cherche un appui chez ses pairs, le groupe, le lien social. Il a besoin et est en phase avec le social qui modèle sa subjectivité.

L’école est un des premiers lieux de socialisation. A l’école l’adolescent rencontre ses pairs, se confronte au groupe. « Serais je reconnu par le groupe?” Ce qui anticipe une autre question fondamentale: « Aurais-je demain une place dans la société?». L’école est à la fois garant de la transmission du savoir, de la culture et rencontre avec l’épreuve de réalité, avec les limites: les notes, l’évaluation, l’orientation vers le métier de demain et la place à trouver dans la société.

A la suite de Winnicott, l’adolescence est « le baromètre du social », dans le sens qu’il anticipe et capte, presque à son insu et sans en avoir les clés de lecture, les changements et le devenir d’une société. Ainsi les questions que l’adolescent pose, souvent en acte, interrogent les transformations de notre organisation sociale.

Dans ce processus nécessaire de construction psychique, l’adolescent traverse à la fois une phase pleine d’embouches (séparation d’avec ses parents, rencontre avec le groupe, le social, confrontation aux limites de la réalité) et aussi une période potentiellement très créative, animée d’élans et d’idéaux, portée par le désir « de changer le monde ».

La pandémie, les confinements, vont à l’encontre de ces mouvements psychiques de séparation et d’affirmation de soi, d’ouverture vers le monde et de construction psychique.

Ainsi dans ce contexte la santé mentale des jeunes s’est dégradée. Il en témoigne l’augmentation du nombre de passages aux urgences et d’hospitalisation en psychiatrie: nous avons constaté une montée des crises suicidaires, dépressives, anxieuses dans un contexte d’augmentation des violences intra-familiales et du harcèlement en ligne.

Je me réfère en particulier à mon expérience qui concerne les plus jeunes de 12 à 17 ans, mais bien évidemment le mal-être a touché tout autant les jeunes étudiants.

Un des effets de la pandémie a été aussi celui de l’augmentation des phobies scolaires. Ces presque deux années, période très longue au cours de la vie d’un adolescent, rythmées par les confinements et l’école à la maison, ont déclenché chez beaucoup d’enfants et adolescents des phénomènes de déscolarisation. En particulier, pour les adolescents déjà en difficulté et fragiles, la perte du rythme scolaire et du lien direct tant avec leurs pairs qu’avec les enseignants a été souvent catastrophique. Même pour des adolescents en apparence bons élèves et sans difficulté, le contexte actuel a été à l’origine d’une augmentation de troubles anxio-dépressifs, pour certains d’entre eux des troubles ayant débuté dans l’enfance au moment des attentats, pour ensuite se transformer en phobie scolaire et en déscolarisation progressive à l’adolescence lors des confinements successifs.

Cette situation nous inquiète profondément. L’incertitude touche ainsi une génération qui a connu les effets du terrorisme, qui a des préoccupations écologiques très légitimes. Nous parlons de “la Génération Covid” qui ne peut pas faire de stages, voyager, qui se sent « sacrifiée » par les transformations du monde dans lequel elle est projetée. Une génération qui tente de combler l’isolement physique par une sur-connexion sur les réseaux sociaux.

De premier abord et dans le court terme, les conséquences psychologiques sur cette génération pourront se traduire par des difficultés d’autonomisation pour les adolescents les plus jeunes (12-17 ans) et par des difficultés majeures d’accès à une place active dans la société pour les étudiants. Mais la question que je me pose est bien plus profonde et générale.

L’adolescent est l’adulte de demain, le futur de l’humanité. En temps de crise, la souffrance adolescente concerne et engage la société entière. En tant qu’adultes nous avons tous un rôle, une fonction et un devoir de transmission. Nous représentons des modèles, des figures d’identification. L’adolescent intègre, incorpore ses modèles pour ensuite s’en séparer, se différencier.

Comment chacun à partir de sa place et de sa fonction d’adulte peut accompagner les adolescents dans le contexte de la société actuelle? Comment avoir et transmettre la confiance?

En tant que psychologue hospitalière et professionnel de santé, je suis impliquée dans un vaste défi qui est celui de l’amélioration des soins. Depuis le début de la pandémie, le système de santé a été mis au centre des préoccupations collectives et d’énormes enjeux politiques. Dans ce mouvement généralisé appelé « crise sanitaire », la psychiatrie hospitalière a reçu elle aussi des financements supplémentaires pour répondre à la demande croissante de soins psychologiques et psychiatriques.

Toutefois, dans le contexte de cette intervention, je m’interroge davantage en tant que psychanalyste: ainsi je voudrais tenter de penser autrement ces enjeux, de dépasser l’angoisse ambiante qui nous submerge tous, de chercher dans la pandémie Covid des opportunités de réflexion pour repenser collectivement la manière de vivre ensemble et transmettre à la génération Covid des éléments d’espoir et de nouveaux défis à saisir.

La pandémie peut représenter une opportunité dans la mesure où elle n’est qu’une manifestation et une des conséquences des changements climatiques et mondiaux en cours. La pandémie montre à quel point la génération actuelle est confrontée a des défis mondiaux. La génération Covid est à la fois portée par les progrès technologiques et strictement “connectée” par les enjeux de la mondialisation.

Nous avons bien sur en tant qu’adultes une fonction de transmission et de sensibilisation à ces défis et dangers pour l’humanité, une transmission des limites aux quels nous sommes confrontés en tant qu’êtres humains.

En même temps, nous héritons des générations précédentes et transmettons à notre tour notre propre adolescence, en tant que processus de séparation animé par l’idéal, par le désir de changer le monde et par la nécessité de l’affirmation de soi. C’est dans ce mouvement de séparation et d’affirmation que chaque génération se distingue de la génération précédente et est capable d’avancer.

C’est cette idée que je souhaite vous transmettre aujourd’hui: l’adolescence contient en soi un énorme potentiel créateur et constructif et c’est sur ce potentiel que nous devons nous appuyer pour accompagner les enfants et les adolescents dans une transition réussie à la fois pour eux vers l’âge adulte et pour la société entière dans un défi d’amélioration et de changement du monde face aux enjeux actuels de la mondialisation.

Floriana PACELLI

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